Conférence: lecture d'albums Comment la rendre profitable à tous? Madame Fournet, décembre 2011

Raconter ou lire?

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Des points communs

• le contenu: récit fictionnnel
• les conditions de mise en oeuvre
• les attentes à l'égard de l'auditeur:
  on attend d'eux:
  • qu'ils fixent leur attention
  • qu'ils accèdent à un univers de référence: capacité à rentrer dans la fiction d'après des indicateurs spécifiques, indicateurs qui nous permettent de savoir dans quel univers on se trouve.
  • qu'ils comprennent ce que l'on raconte:
    • identifier héros, personnages, situations
    • mettre en relation les situations entre elles
    • comprendre les différentes étapes d'un récit
    • comprendre les significations d'un récit (il y a un message véhiculé derrière chaque conte. Exemple: le Petit Chaperon Rouge est un conte d'avertissement.

Des différences

• la langue: capacité d'évocation mais répétitive et redondante.
  La langue orale est différente de l'écrit: quand on raconte on est sur une forme scripturale entre l'oral et l'écrit. Par contre, quand on lit on est vraiment sur de la langue écrite.
• le support: quand on raconte, on n'a pas de support. On a des adjuvants au récit (exemple: marrionnettes, dessins) pour permettre de se construire une représentation (exemple: poule rousse: on mime la couture etc). On met en scène. Quand on lit: les illustrations sont censées aider à la compréhension. Malheureusement les albums ne sont pas toujours adaptés au grand groupe. Une lecture à l'école reste quand même moins adaptée qu'une lecture à la maison en relation duelle.
• les niveaux de compétences sollicités: quand on raconte on est proche de l'oral, quand on lit, on est proche de l'écrit et des compétences approfondies sont développées. Pourquoi?
  • raconter: l'expressivité est plus porteuse que la vision d'illustrations qui peuvent pointer des détails différents de ce que l'on raconte.
  • l'auditeur d'une histoire racontée est plus loin de l'écrit.

Remarques:

Comprendre un texte lu présente des difficultés de compréhension même pour un adulte, parce que l'auditeur ne bénéficie pas des indices orthographiques et typologiques dont dispose le lecteur.

Que faire en maternelle?

Redonner sa place à l'enseignant conteur, particulièrement en PS, avec une aide à la compréhension (objets etc). Ce peut être bien sûr prolongé en MS et GS. Un album se lit en prenant des précautions.

Lire un album, pourquoi lire un album?

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• intérêt de la lecture d'album:
  • la richesse du corpus: thèmes abordés différents, qualité des illustrations
  • confrontation à la langue écrite: structures syntaxiques, lexique

• difficulté de la lecture d'albums:
  • modalités de mise en oeuvre dans la classe:
    • contrainte du texte figé (on se rend compte de la difficulté)
    • difficulté de présentation simultanée des illustrations (avant, pendant ou après?) mais surtout toujours les montrer.
    • perception du rapport texte-illustration: redondance, complémentarité (ajoute/précise le texte), dit quelque chose de contradictoire
• difficultés du texte écrit:
  • le jeu des substituts: "deux oiseaux"
  • la temporalité de l'histoire racontée par rapport au texte racontant: pauses, accélérations, sauts (ex: 20 ans plus tard), dialogues (moments présents)...
    Comment traduire la simultanéité? "on a volé Jeannot Lapin" de Boujon: Récit principal: le vol du lapin par le renard qui finissent amis. Récit secondaire: la maman cherche le lapin, récit enchâssé dans le premier.
• comment procéder face aux différences:
  • Choisir des albums avec discernement. La lecture offerte ne sert à rien car il faut un véritable travail sur l'album
  • Réfléchir plus à la manière dont on va présenter et plus à la prise en compte de l'hétérogénéité

Choix de l'album

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Sur quels critères se baser pour choisir un album?

1. Le thème

• rien de doit être ni écarté, ni privilégié
• mais: laisser une place aux grands classiques
• et rester proche de la vie des jeunes enfants surtout en PS

des thèmes en PS

"tout pour moi" (pas extra mais plaît beaucoup aux enfants), "Tom ne veut pas dormir"...

2. Le récit

La construction narrative

Privilégier les récits caractérisés. C'est à dire, les récits dans lesquels le personnage central est clairement identifiable et la situation initiale rapidement donnée. Les personnages secondaires ont un rôle clair. Les actions se succèdent et le rapport causalité / temporalité est clair: une action donne une réaction. De plus la situation finale doit être très claire. Pour les PS en particulier: privilégier une structure linéaire simple ou répétitive (SI-déclencheur-équilibre-fin, exemple: "le vélo de Jo") et un héros présent à chaque page("Zou"). Il faut tout de même penser à laisser une place aux récits ouverts. Par exemple: "c'est moi qui commande!" (très grande qualité), ou "ami-ami".

le système des personnages

Un héros et peu de personnages secondaires. Mais laisser une place aux personnages archétypaux avec leurs caractéristiques: originelles d'abord (rendre les méchants loups et les renards rusés) et détournées ensuite. Par exemple: "mangetout et maigrelet": très bon du point de vue des personnages. Des personnages archétypaux dans quelques albums: "porculus" (un cochon très sale), "quelle porcherie", "la queue en tire bouchon"...
Attention tout de même aux albums qui exigent des prérequis culturels comme: "crapaud perché", "c'est moi le plus fort" (il faut que les enfants connaissent les contes).

3. Les illustrations

Rien à proscrire tout en se préoccupant de:

• lisibilité:
  • couleurs franches/nuances?
  • réalisme/onirisme? Par exemple, quelques chats: "bouboule" (chat mignon), "dernier voyage" (tout est réaliste sauf les personnages), "la nuit sans lune" (onirisme: porte ouverte à l'imaginaire).
  • épuré/surchargé? Par exemple: "un loup" de Sanders (épuré), "petite poule rousse" de Galdone (surchargé)
• relation texte/image:
  • redondance/complémentarité: En PS, privilégier les albums ou les illustrations explicitent le texte. Exemple: "un poisson est un poisson" (illisible du point de vue des illustrations car on voit sa pensée illustrée), "petit ours brun" (il permet d'entrer dans la langue écrite et dans la fonction de l'écrit
  • prise de distance/contradiction

4. La langue

Offre aux enfants leur première initiation à l'écrit, elle doit avoir les caractéristiques suivantes:

• diversité grammaticale
• richesse lexicale

En PS: être attentif à la musicalité, aux répétitions, à tout ce qui rapproche le texte littéraire de la comptine
Exemple: les oralbums de Boisseaux, qui doivent être racontés, c'est un support pour entrer dans l'écrit par la langue de la narration.
En GS: "c'est moi qui commande" (un chien de berger veut faire entrer les moutons dans un enclos), langue extrêmement riche, les élèves devant être confrontés à cela.
En PS: "les trois ours" de Byron Barton: musicalité, répétition, aide à l'entrée dans la langue écrite (d'abord, puis, enfin).

5. Les aspects matériels

Avant achat, réfléchir aux conditions d'utilisation de l'ouvrage pour déterminer si: il va être manipulé ou non par les élèves, réfléchir au format, à sa résistance. Attention, ne pas cantonner les élèves à des ouvrages aux pages cartonnées.

Présenter un album

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1. L'étude préalable

Elle doit porter sur:

• le récit: accumulation, élimination, circulaire etc.
• les illustrations
• la langue: obstacle essentiel. Réfléchir à qui raconte l'histoire ("Zou": narrateur puis pensée de Zou, et Zou parle), aux structures grammaticales (position des mots, ex: "veux-tu venir?" demande maman est différent de maman demande: "veux-tu venir?"), au lexique : les enfants maîtrisent beaucoup moins de mots qu'on croit.

2. La préparation des élèves

Préparation linguistique:

avec tous les élèves de niveau standard:

• commentaire de la couverture
• présentation des personnages
• explicitation de l'univers de référence (ça va être une histoire d'amour, je vais vous raconter une histoire qui se passe...qui parle de...) et ça facilite leur entrée dans la compréhension du récit et dans l'univers.

avec les élèves en difficulté

En supplément et de manière anticipée, en aide personnalisée:

• échanges sur les premières pages du livre
• narration interactive des premières étapes du récit en s'appuyant sur les illustrations et en introduisant le lexique dont les enfants auront besoin pour ne pas que ça fasse obstacle par la suite. Par exemple: "il est dépité" c'est à dire: "il n'est pas content" ou "il est dégoûté" (dans c'est moi qui commande).
• utilisation systématique des structures et du vocabulaire du texte: utiliser des portions de phrases à structure complexe. Exemple: "il faisait froid, aussi prit-il son imperméable", "alors" il prit son imperméable" etc.
• élaboration d'un résumé oral du début du récit

Tout ce travail en amont qui permet de comprendre le récit évite d'avoir trop d'obstacles à la lecture qui viendra après. Exemple: quand on nous parle de Balzac on sait que ça va se passer au 19ème, que ce sera un roman long etc.

3. La lecture d'album

Avant: définir les modalités pratiques (classe, 1/2 groupe, en atelier). Plus le public est élargi, plus les modalités décrites plus haut devront être travaillées.
Pendant: respecter le texte, oui, si la préparation est bien faite avant. On peut faire une coupure dans le texte dans le texte en GS (une partie avant la récréation et on en parle après la récréation, puis lecture après la récréation de la suite). Attention aux pauses explicatives, ce n'est pas le moment pendant la lecture, sinon c'est comme si on coupait un film pendant sa diffusion pour discuter des certains points
Après: pour avoir une activité du point de vue langagier, privilégier les activités qui visent à :

• l'identification des personnages
• mise en place de la chronologie de l'histoire (avant, après, simultanéité -très complexe-, les relations de cause à effet -très important pour la compréhension-)
• l'intégration de structures syntaxiques
• l'enrichissement du vocabulaire

Des exemples d'activités que l'on peut faire après la lecture sur l'identification des personnages:

• les nommer, donner leurs caractéristiques
• les ranger par ordre d'apparition
• les reconnaître parmi des personnages proches
• chasser l'intrus

Exemple: "Mangetout et Maigrelet", on enlève les personnages qui n'apparaissent pas ou garde seulement ceux qui apparaissent

Des exemples d'activités pour enrichir le vocabulaire

• utiliser des mots et expressions rencontrées
• faire employer une part de ce vocabulaire par les élèves

Exemple: "Petite poule rousse" de Galdone, des jeux de loto avec des mots , des expressions ou des phrases. D'abord dire sans montrer les images puis en montre l'image etc.

Exemple pour les productions langagières: va remporter l'image l'enfant qui décrit l'action -voir sur le site: missionmaternelle13-, ceci est profitable aux PS pour l'apprentissage de vocabulaire

4. Mémorisation

• garder une trace de la lecture, surtout collective (pour les albums de randonnée et pour les poésies) en créant par exemple une affiche.
• faire référence à cette lecture en s'appuyant sur cette trace pour parler de ce qu'on a lu.
• amener les élèves à raconter l'histoire, à la comparer avec d'autres (ex: c'est l'histoire de...et ce de façon "embryonnaire")
• susciter la mémoire langagière des élèves. Par exemple, pour le mot "dépité", on le place dans une autre situation: "Il n'y a pas EPS aujourd'hui, vous allez être déçus, vous allez être dépités".
• faire intégrer des éléments narratifs ou langagiers par entraînement: mettre en évidence les structures

Quelques informations

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Le site maternelle: ia13 et sites pédagogiques sur la maternelle. Taper "missionmaternelle13" dans google" pour travailler avec les albums. Deux entrées: par thème (ex: les personnages) ou par album (ex: titre). Pour bénéficier du matériel pédagogique, demander le code.